Charlie, Bataclan... L’impact traumatique des attentats à l’étude

Soha Gafaar Vendredi 16 Novembre 2018-19:40:29 Sciences et Médecine
 Une femme passe devant le pochoir de l'artiste Bansky le 25 juin 2018, dans une rue près de la salle de concert du Bataclan
Une femme passe devant le pochoir de l'artiste Bansky le 25 juin 2018, dans une rue près de la salle de concert du Bataclan

Les attentats de 2015, de Charlie au Bataclan, ont profondément marqué les Français tant sur le plan de la santé (stress post-traumatique, anxiété, troubles somatiques) que dans la mémoire collective, selon un bouquet d'études sans précédent publié mardi par l'agence Santé publique France. Les attaques de novembre 2015 au Stade de France, contre le Bataclan et des terrasses de cafés parisiens, après ceux de janvier contre Charlie Hebdo, le supermarché Hyper Casher Porte de Vincennes et à Montrouge ont déclenché le
plus vaste programme de recherche au monde, soulignent les chercheurs Denis Peschanski et Francis Eustache dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire. Baptisé "13-novembre", ce programme "tentaculaire" né dans l'urgence et encore en cours, couvre les aspects sanitaires, psychologiques et sociologiques. Le "premier cercle" des victimes, témoins et intervenants sur les lieux d'attentats ont développé pour certains le fameux "état de stress post-traumatique" (ESPT), qui avait également été décelé auprès de 20% des personnes exposées
aux attentats du 11 septembre 2001 à New York et 11% de ceux touchés par l'attaque de l'île d'Utoya en Norvège. En France, 18% de la population exposée aux attentats de janvier 2015 souffraient d'ESPT et 20% de troubles dépressifs ou anxieux, selon des enquêtes menées 6 et 18 mois après les faits auprès de 190 civils (otages, blessés, témoins, proches des victimes). 53% d'entre eux ont reçu une aide psychologique dans les 48 heures, mais l'étude note "un défaut de prise en charge" et préconise, "dans la mesure où les troubles
de santé mentale touchaient 40% des personnes impactées" d'étendre à tous l'aide psychologique. Les attaques du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts et plus de 400 blessés, ont eux eu des répercussions bien au-delà du premier cercle. Sur l'ensemble de la population d'Ilede-France, on recense un pic "net et sans précédent" des passages aux urgences le samedi 14 novembre, lendemain des attentats, suivi d'un second pic le 16 novembre, et concernant majoritairement de jeunes adultes (15 à 44 ans).

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